Notre environnement habité est issu d"une suite d'évolutions et de transformations permanentes complexes. Chaque geste architectural participe à ce processus. Notre société est en recherche d'une vision structurée à long terme sur le devenir de son environnement construit. L'addition d'actions ponctuelles de recyclage, de moments transformés semble devenir, par défaut, notre premier mode opératoire structurant. L'objectif de ce projet consiste donc en la recherche d'une compréhension actualisée de ce mode opératoire.

 

Ce projet résulte de l'analyse du projet Fünf Höfe de Munich réalisé par Herzog et de Meuron et de la lecture du site de la Sauvenière. Aucune notion de programme ne vient nourrir l'approche. Cela a pour objectif de ne pas réduire un bâtiment à sa seule fonction première sachant qu'on vit dans un monde en constante évolution.

 

L'analyse de référence est réalisée sur trois sujets : le cheminement, la structure, la façade. Le but n'est pas de faire "à la manière de", mais bien de retirer un élément fondateur pour agrémenter la recherche personnelle. Concernant la circulation à travers le projet de Munich, on constate une inscription dans un tissu piétonnier urbain existant. Le projet s'articule autour de différentes cours intérieures dégageant des ambiances différentes par leur forme, leur traitement, leur lumière ou obscurité. La structure du projet est hybride. Une trame structurelle nouvelle vient se greffer à la structure XIXe existante. Les façades composées par les architectes sont essentiellement intérieures et participent à l'ambiance des différents espaces.

 

Fünf Höfe Sauvenière

 

Située à deux pas de la place Saint-Lambert, le site attribué est une grande friche qui venait desservir le boulevard de la Sauvenière en place de parking. La lecture du tissu existant a révélé le passage d'une ancienne ruelle en fond de parcelle. En effet, le long des vieux remparts, une série de petites bâtisses a été construite à l'arrière des immeubles du boulevard.

 

Le projet tend a être parcouru par les usagers. L'organisation du bâtiment en forme de peigne permet une grande perméabilité du boulevard vers l'arrière et amène ainsi les flux principaux vers cet espace et son ancien rempart remis en valeur. L'ancienne ruelle est réinterprétée et vient relier chaque cour formée au bout des dents creuses du peigne. Celles-ci se veulent de formes, d'ouvertures, de luminosités et d'ambiances variées de manière à faire vivre une expérience différente d'un lieu à l'autre. Une attention particulière est prise quant à la mise en lumière des patios grâce à une disposition dégressive du bâti. Coté boulevard, un coursive crée un appel vers les passages à l'arrière. Une trame structurelle régulière poteau-poutre sur base du tissu anciennement à cette même place vient s'adapter à l'irrégularité du site. Une façade en panneaux de parement en béton lissé portée par une colonnade , elle aussi, en béton vient habiller le côté boulevard. Une trame de baies régulières vient percer cette façade. Le jeu compression-dilatation est induit par le changement de dimension des panneaux et des baies. Les espaces au rez-de-chaussée sont vitrés de manière à pouvoir se projeter vers l'intérieur. Dans les cours, des façades rideaux entièrement vitrées sont privilégiées. Quelques murs pleins viennent donner une direction à la promenade architecturale que constitue le projet.